Corinne by Sandra Diersch & Gerri London

Auteur:Sandra Diersch & Gerri London [Diersch, Sandra & London, Gerri]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Publié: 2012-10-15T04:00:00+00:00

Chapitre 11

Un pigeon trottait sur le gazon devant la fenêtre de la classe. Il était joli pour un pigeon. Son plumage était lisse et gris, ses yeux étaient des billes noires. Il marchait comme si la pelouse lui appartenait, en fait comme si tout le terrain de l’école était à lui. Il distrayait Corinne depuis une quinzaine de minutes avec sa démarche assurée. Non pas qu’il ait fallu grand-chose ce matin pour la distraire. Tandis que l’enseignante marmonnait à propos des temps de verbe et autres idioties inutiles du genre, le regard de Corinne était fixé sur le pigeon et sa tête était dans un hôpital à l’autre bout de la ville.

L’intervention chirurgicale de sa mère était prévue pour 8 heures. Il était plus de 10 heures maintenant. Combien de temps cela prendrait-il? Était-ce déjà terminé? Sa mère se réveillerait-elle avant l’arrivée de Corinne? Son père venait la chercher à midi à la fin de son cours. Il avait promis de l’attendre juste à l’extérieur de l’entrée principale.

Sa mère souffrirait-elle à son réveil de l’anesthésie? Ou serait-elle si médicamentée qu’elle ne ressentirait rien? Les reconnaîtrait-elle? Aurait-elle l’air différente? De quoi aurait-elle l’air, à la poitrine? Serait-on en mesure de voir ce qui avait été fait?

— À quelle partie du discours le mot «délivrance» se rattache-t-il dans cette phrase, Corinne? lui demanda l’enseignante.

Corinne détourna les yeux de la fenêtre et dévisagea la prof, le regard vide.

— Je n’en sais rien, un verbe? suggéra-t-elle.

— Pas exactement. Quelqu’un d’autre? poursuivit l’enseignante en hochant la tête.

Corinne ramena son attention vers l’extérieur. Le pigeon s’était envolé, la laissant seule avec ses pensées. Une cloche retentit et des chaises furent repoussées alors que les élèves se levaient pour la pause. Un tapotement maintenant familier sur son épaule la fit sursauter.

— Hé, dit Emma. Tu veux sortir dehors un instant?

Pendant une fraction de seconde, Corinne songea à raconter à Emma ce qui se passait avec sa mère, mais elle ne le fit pas.

— Non merci, dit-elle.

— Tu en es certaine? J’ai des biscuits…, dit Emma en souriant tout en brandissant un petit sac devant Corinne. Des biscuits au chocolat.

Corinne sourit, mais secoua tout de même la tête.

— Je n’ai pas faim, expliqua-t-elle. De toute façon, je n’ai pas lu mes chapitres hier soir, dit-elle en levant son roman.

— Pas de problème, dit Emma en allant rejoindre le reste du groupe.

Corinne prit son livre et l’ouvrit à l’endroit où elle avait arrêté sa lecture la dernière fois, mais elle ne fit que regarder fixement les mots. Finalement, juste avant que la cloche retentisse, elle se dirigea vers les toilettes des filles et s’installa sur un des sièges, la tête sur les bras. Pourquoi n’avait-elle pas raconté à Emma ce qui se passait? Même si elles ne se connaissaient que depuis peu, elles étaient devenues amies. Emma était authentique. Elle était drôle et intelligente, et se moquait de ce que pouvaient bien penser les autres. Quasiment tout le contraire de moi, admit Corinne. Ce qui était probablement la raison pour laquelle elle était attirée par elle.

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